- A la recherche du bleuet perdu – première partie
Le bleuet des champs (Centaurea cyanus pour les botanistes) est devenu le symbole des anciens combat-tants et victimes de guerre sous l’emblème du « Bleuet de France ». Ce bleuet, symbole de paix et de fraternité est une plante messicole, c’est-à-dire une plante qui pousse naturellement dans les champs de céréales et qui se développe préférentiellement dans les moissons (du latin messis, moisson et colere, habiter, peupler). Compagnes des cultures, les messicoles sont généralement des plantes annuelles, ayant un cycle de vie comparable à celui des céréales (blé, orge…). Ces espèces présentent, en effet, la particularité de fleurir dans les cultures et de s’adapter au rythme des travaux des champs : germination après les labours, floraison en début d’été et fruits à maturité au moment de la moisson. Elles accompagnent ainsi les variétés cultivées depuis l’essor de l’agriculture, il y a plusieurs siècles. Précisons que toutes les espèces présentes dans les cultures ne sont pas des «messicoles». A la différence des espèces introduites par l’homme au gré des colonisations et importations, seules les espèces indigènes, c’est-à-dire celles présentes dans la région depuis le 16ème siècle, sont considérées comme «messicoles».Un Plan National d’Action a établi une liste de 102 espèces messicoles et propose des mesures pour les préserver. 47 de ces espèces ont été identifiées dans l’Eure. Aujourd’hui, parmi ces 47 espèces, 17 sont considérées comme disparues et 11 sont menacées. La plupart des messicoles sont en régression. De fait, depuis les années 1960, l’intensification des pratiques culturales (labours plus profonds, désherbages chimiques…), ainsi que la mise en place de semis plus denses et de variétés plus compétitives favorisent l’élimination de ces espèces au profit d’adventices plus compétitives et plus tolérantes aux herbicides.Dans les champs cultivés, les messicoles représentent une ressource alimentaire en nectar et pollen pour les insectes pollinisateurs, dont les abeilles domestiques. Leurs graines sont consommées par les oiseaux granivores comme la perdrix grise. De plus, quelques espèces de messicoles sont favorables au développement d’insectes prédateurs des pucerons de céréales ou d’autres ravageurs des cultures.Si certaines messicoles peuvent être toxiques à forte dose, d’autres servent aujourd’hui pour l’alimentation humaine. Saviez vous que la mâche est une espèce d’origine messicole passée du champ au jardin potager?Certaines messicoles possèdent, en outre, des propriétés médicinales. Le bleuet, notamment, peut être utilisé en collyre, les fleurs de coquelicot en sirop sédatif et adoucissant contre la toux. Des espèces, comme le bleuet ou le coquelicot sont aussi utilisées dans les cosmétiques (eau florale de bleuet, crème au coquelicot…). Menacées, les messicoles ont besoin de votre aide. Le bleuet, en particulier, fait l’objet d’une campagne de protection. Alors, pour participer à sa sauvegarde, ouvrez l’œil : prenez-le en photo, notez sa localisation (commune, lieu dit, …) et envoyez la photo à :
bleuet-sauvage@cg27.fr
Attention de bien identifier le bleuet des champs (espèce sauvage) et non le bleuet horticole. Le sauvage est toujours bleu et à fleur simple.
Pour en savoir plus :
http://www.bleuetdefrance.fr
http://www.cren-haute-normandie.com
http://www.eure-en-ligne.fr/cg27/accueil_eure_en_ligne/sphere_competences/thematique_territoires/environnement/messicoles
À suivre…